Mise au point sur le projet de la création du Conseil National des Imams

Mohammed MOUSSAOUI, président du CFCM
Paris, le 29 décembre 2020

Le projet de création du Conseil National des Imams (CNI) a fait l’objet de nombreuses communications et commentaires dont certains ont malheureusement desservi ce projet important pour l’avenir de l’islam en France.

Le Conseil Français du Culte Musulman s’est abstenu quant à lui de toute déclaration avant la finalisation du projet de création du CNI et de sa charte.

Après l’annonce unilatérale et inexpliquée de la Grande Mosquée de Paris (GMP) de son retrait du projet du CNI et face aux réactions qu’elle suscite, nous avons jugé utile et nécessaire d’informer et d’éclairer l’opinion publique sur la réalité des faits. En ma qualité du président de l’instance représentative du culte musulman, il m’incombe de rétablir la vérité, faire part des avancées réalisées et évoquer les nouvelles perspectives.

Tout d’abord, il convient de préciser qu’en commun accord entre les fédérations composant le CFCM, il a été décidé que le projet de la création du CNI soit portés par toutes les fédérations, y compris celles qui n’ont pas d’élus au sein du bureau exécutif du CFCM.  Ce dernier n’assume pour sa part que la coordination des travaux.

Après de nombreuses réunions de travail qui ont débuté le 3 novembre 2020, les fédérations y compris la GMP ont validé, le 10 novembre 2020, les principaux documents notamment l’acte de création du CNI et son règlement intérieur.

La première rencontre du Président de la République avec les responsables des fédérations, le 18 novembre 2020, précédée par de nombreuses réunions avec l’exécutif du CFCM, a permis de faire un point sur l’avancement des travaux. Lors de cette réunion avec le Président de la République, il a été décidé de doter le futur CNI d’une charte des principes et de finaliser l’ensemble des document techniques avant la mise en place effective du CNI.

Conformément au vœu du Président de la République qui souhaitait un texte de la charte pour début décembre 2020, un premier projet de charte élaboré par les fédérations a été présenté au Ministre de l’intérieur chargé des cultes, M. Gerald Darmanin, le 28 novembre 2020, dans le cadre du dialogue instauré entre les pouvoirs publics et le CFCM et ce depuis sa création en 2003. Ce jour même, la Grande Mosquée de Paris (GMP) avait demandé un report avant la validation du texte définitif de la charte pour y intégrer sa contribution. Ce qui a été accepté malgré le délai souhaité par Président de la République. 

Le texte du 28 novembre 2020 a été repris pour notamment y intégrer la contribution de la GMP, donnant lieu à un nouveau texte de la charte, le 8 décembre 2020. Le 15 décembre 2020, la dernière mouture de la charte a obtenu l’approbation de l’ensemble des fédérations, y compris celle de la Grande Mosquée de Paris.

C’est dire que nous avons quasiment atteint un des objectifs que nous nous sommes fixés. Pour l’acter, le président du CFCM avait demandé aux fédérations de confirmer solennellement et par écrit avant le 30 décembre 2020 à midi leur adhésion au texte final de la charte qu’ils avaient annoncée en visioconférence le 15 décembre 2020.

C’est avec regret et grande stupéfaction que le 28 décembre 2020 nous avons appris le retrait de la Grande Mosquée de Paris des travaux du CNI, via un communiqué de presse, en pleine réunion de l’Exécutif du CFCM à la quelle participaient trois membres de la Grande Mosquée de Paris, également surpris par le communiqué.

Dans la première partie de son communiqué, le Recteur de la Grande mosquée de Paris confirme ce qui a été dit plus haut et rappelle notamment qu’« à l’unisson, les représentants des fédérations s’étaient engagés à remettre au Président de la République un texte ambitieux », que « le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, a soumis, une mouture qui reprenait les contributions de la plupart des fédérations (et dont) le contenu respectait incontestablement la dignité de chaque musulman et sa foi, exprimait un attachement à toutes les lois de la République et aux principes qui fonde notre société » et que « tout semblait se dérouler dans des conditions normales jusqu’à la mi-décembre ».

Dans la seconde partie de son communiqué, le Recteur tire toutefois subitement et malheureusement une conclusion étonnante et complètement détachée de la réalité et accuse par la même occasion des représentant des fédérations de blocage, alors que tout se déroulait normalement.

Les accusations portées à l’encontre de certaines composantes fondatrices du CFCM, avec lesquelles la Grande Mosquée de Paris a composé et continue de composer depuis des décennies et ce jusqu’au 28 décembre 2020, me laisse perplexe et interrogatif. Dans pareille situation, le non-dit n’a pas sa place et des explications claires et précises devaient être données aux concernés.

En premier lieu, le président de la République ainsi que le ministre de l’intérieur qui se sont pleinement investis pour l’accompagnement de ces travaux. Puisqu’ils ont reçu ces mêmes fédérations, ils ont le droit d’être informés, non pas par un communiqué de presse aux termes ambigües mais avec une vraie démonstration des faits qui sont reprochés aux fédérations concernées le Recteur de la Grande Mosquée de Paris que n’a d’ailleurs pas nommées.     

S’il est avéré que ces fédérations cherchaient « à diviser la communauté nationale et à séparer les Français de confession musulmane de leur société » comme le recteur l’a laissé clairement en tendre dans son communiqué, il aurait été plus judicieux d’en faire part au sein des espaces de dialogue et notamment au sein des instances du CFCM. J’aurai été alors le premier à en tirer toutes les conséquences et à convoquer immédiatement le conseil d’Administration pour prendre les mesures qui s’imposent.

Par ailleurs, je ne peux laisser dire que le texte de la charte validé le 15 décembre 2020 aurait été modifié vidé de sa substance. Car aucune modification ne lui a été apportée depuis sa validation par toutes les fédérations participantes au processus dont la Grande Mosquée de Paris.

C’est la raison pour laquelle, j’appelle à installer immédiatement le Conseil National des Imams et à doter ce dernier des moyens nécessaires à l’accomplissement de sa mission.

Il est temps d’arrêter de dénigrer le CFCM qui, malgré tout ce qu’on peut lui reprocher et malgré la faiblesse de ses moyens, a montré sa capacité à gérer avec lucidité et clairvoyance les différentes crises et à être cette maison commune de l’islam de France.   

Pour conclure, je forme le vœu que la Grande Mosquée de Paris, fédération fondatrice du CFCM, puisse continuer à œuvrer avec ses partenaires au CFCM afin de défendre notre idéal commun, celui de faire reculer toute expression extrémiste usurpatrice de notre religion, de « défendre les intérêts moraux des musulmans, et d’œuvrer ainsi pour la concorde, la paix civile et la fraternité ».

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