Xénophobie et racisme antimusulman

Les polémiques incessantes, insidieuses et sans limites autour de l’islam et des musulmans ou de l’immigration sont souvent accompagnées d’une recrudescence d’actes racistes et antimusulmans. N’oublions jamais que l’idéologie qui a inspiré le terroriste de Christchurch en Nouvelle Zélande a été malheureusement théorisée par des intellectuels de notre Pays.

A ce propos, l’Union des Mosquées de France (UMF) condamne fermement les déclarations de M. Houellebecq, parues dans une revue le 12 décembre 2022, qui constituent pour nous un véritable appel à la haine des musulmans : « Des gens s’arment. Ils se procurent des fusils, prennent des cours dans les stands de tir. Et ce ne sont pas des têtes brûlées, (…), il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l’envers ».

De même, nous dénonçons les déclarations choquantes et diffamatoires de J-C. Dassier, sur la chaine Cnews, mardi 27 décembre 2022 : « Mais les musulmans, ils s’en foutent de la République, ils ne savent même pas ce que le mot veut dire ! ».

La liberté d’expression est fondamentale. Elle est un rempart contre des formes d’aliénation. Nous acceptons que l’Islam soit critiqué y compris dans ses principes et fondements. Cependant, et avec la même fermeté, nous devons, quand la liberté de critiquer devient une claire incitation à la haine et à la discrimination, nous défendre par les moyens que confère notre État de droit. L’insulte, l’injure et l’incitation à la haine ne seront jamais des expressions respectables ou acceptables.

Force est de constater que trop souvent le droit de la libre expression, dont celui de critiquer l’islam, sert de paravent à la mise à l’index des musulmans et à justifier des formes d’exclusion et de haine à leur égard.

Voilà pourquoi nous saisissons la justice. Car, nous estimons que la frontière entre l’expression libre et la volonté délibérée de discrimination et d’incitation à la haine a été franchie allègrement sans se soucier des conséquences sur la cohésion et la paix dans notre pays. La xénophobie est en train de se banaliser dangereusement. La parole raciste s’est libérée et fait des victimes. Il est temps que chacun prenne ses responsabilités pour que ceux qui alimentent les haines et soufflent sur les braises soient jugés et condamnés.

Les décisions des tribunaux dont les trois condamnations d’E. Zemmour pour « provocation à la haine » doivent nous conforter dans le bien fondé de notre démarche.

Cette haine s’est déjà manifestée au cœur de Paris vendredi 23 décembre 2022. Un individu a ouvert le feu à proximité d’un centre culturel Kurde, tuant une femme, deux hommes et faisant quatre blessés dont deux très graves. L’assaillant a avoué avoir une haine à l’encontre des étrangers.

Lundi 26 décembre 2022, à Evry-Courcouronnes, un autre individu a ouvert le feu, blessant une fille de 13 ans. Cet homme est décrit par ses voisins comme étant raciste et xénophobe.

Les musulmans de France ne demandent pas à être au-dessus des lois de la République. Ils demandent à être respectés et protégés comme tous leurs concitoyens. Chaque fois que des prêcheurs de haine chercheront à diviser les Français, toutes les forces vives de la Nation devront s’y opposer avec la plus grande fermeté et sans concession aucune.

Fait à Paris, le 30 décembre 2022

Mohammed MOUSSAOUI
Président de l’Union des Mosquées de France (UMF)

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