Organisation du culte musulman : un mot sur le débat qui s’annonce sur la laïcité (3/3)
Lire avant : Organisation du culte musulman : Ne pas se tromper de combat ! (1/3)
Le gouvernement souhaite apporter des modifications à la loi de 1905 sans remettre en cause ses principes fondateurs tels qu’ils s’expriment en particulier dans ses deux premiers articles. Cette loi, considérée comme la clef de voûte de laïcité, a permis d’apporter depuis son adoption des solutions à des questions nées de nouvelles situations et des évolutions de la société française.
Un retour sur les débats qui ont précédé son élaboration en 1905 nous apprend que l’islam était presque absent de ces débats (1) et l’équilibre trouvé n’était ni aisé ni gagné d’avance. Les députés avaient rejeté avec une large majorité la proposition de loi visant à interdire au clergé le port de la soutane dans l’espace public et approuvé la mise à la disposition gratuite des édifices du culte au profit des associations cultuelles.
La pluralité religieuse de la société française a été reconnue comme un fait et le devoir premier du législateur était de ne rien faire qui serait contraire au respect de cette pluralité. C’est dans ces termes qu’Aristide Briand, rapporteur de la loi 1905, avait précisé la philosophie et les objectifs de celle-ci.
Ces dernières années les choses ont changé ! Un courant qui considère la laïcité inséparable des racines judéo-chrétiennes de l’identité française, s’est créée et s’est malheureusement diffusé dans l’opinion publique. Pour ce courant, l’islam est incompatible avec la laïcité et serait même une menace pour celle-ci. Certes, ce courant est mu par des idées xénophobes à l’égard de l’islam et des musulmans, mais Il faut reconnaître aussi qu’une expression radicale de la religion musulmane, même marginale, lui sert d’épouvantail.
Le gouvernement souhaite apporter des modifications à la loi de 1905 sans remettre en cause ses principes fondateurs tels qu’ils s’expriment en particulier dans ses deux premiers articles. Cette loi, considérée comme la clef de voûte de laïcité, a permis d’apporter depuis son adoption des solutions à des questions nées de nouvelles situations et des évolutions de la société française.
Un retour sur les débats qui ont précédé son élaboration en 1905 nous apprend que l’islam était presque absent de ces débats (1) et l’équilibre trouvé n’était ni aisé ni gagné d’avance. Les députés avaient rejeté avec une large majorité la proposition de loi visant à interdire au clergé le port de la soutane dans l’espace public et approuvé la mise à la disposition gratuite des édifices du culte au profit des associations cultuelles.
La pluralité religieuse de la société française a été reconnue comme un fait et le devoir premier du législateur était de ne rien faire qui serait contraire au respect de cette pluralité. C’est dans ces termes qu’Aristide Briand, rapporteur de la loi 1905, avait précisé la philosophie et les objectifs de celle-ci.
Ces dernières années les choses ont changé ! Un courant qui considère la laïcité inséparable des racines judéo-chrétiennes de l’identité française, s’est créée et s’est malheureusement diffusé dans l’opinion publique. Pour ce courant, l’islam est incompatible avec la laïcité et serait même une menace pour celle-ci. Certes, ce courant est mu par des idées xénophobes à l’égard de l’islam et des musulmans, mais Il faut reconnaître aussi qu’une expression radicale de la religion musulmane, même marginale, lui sert d’épouvantail.
Des modifications qui doivent protéger ce bien commun qu’est la laïcité
La fondation de la Conférence des responsables du culte de France (CRCF) et la cohésion des cultes en son sein est significative dans notre société française. L’importance des avis produits par l’Observatoire de la laïcité et la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) ainsi que la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) doivent permettre au gouvernement de prendre des décisions éclairées.
Les modifications de la loi 1905, qui permettraient de lutter efficacement contre le discours de haine et les pratiques radicales de religion, peuvent s’avérer nécessaires. Celles-ci ne doivent pas inquiéter les musulmans de France. Au contraire !
Ces modifications, qui visent aussi à dégager des pistes de financement pour les cultes qui ont en besoin et de permettre à chacun d’exercer son culte dans des lieux dignes et gérés avec la rigueur et la transparence qui rassurent, doivent également participer à protéger ce bien commun qu’est la laïcité, « un des piliers de notre pacte républicain, un des supports de notre démocratie, un des fondements de notre vouloir vivre ensemble ». (2)
(1) Jean Baubérot, dans 1905-2005 : La Laïcité française et les minorités religieuses (Études théologiques et religieuses, 2007/1– T.82 P.67 à 80), fait référence à l’article « Mahométisme » publié dans Le Grand dictionnaire universel de Pierre Larousse (1866-1876). Dans cet article, il est écrit : « L’islamisme (signifiant islam à l’époque) a moins versé de sang, (…). Les juifs et les chrétiens ont été moins persécutés par les musulmans d’Espagne et même par ceux de Turquie, que les juifs et les hérétiques ne l’ont été chez nous jusque dans le XVIIe siècle. »
(2) Tribune de la Conférence des responsables de cultes de France du 30 mars 2011 : « Débat sur la laïcité ? Sérénité, attention et réflexion appliquées, recommandent les responsables de culte ! »
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Mohammed Moussaoui est président de l’Union des mosquées de France (UMF).
Les modifications de la loi 1905, qui permettraient de lutter efficacement contre le discours de haine et les pratiques radicales de religion, peuvent s’avérer nécessaires. Celles-ci ne doivent pas inquiéter les musulmans de France. Au contraire !
Ces modifications, qui visent aussi à dégager des pistes de financement pour les cultes qui ont en besoin et de permettre à chacun d’exercer son culte dans des lieux dignes et gérés avec la rigueur et la transparence qui rassurent, doivent également participer à protéger ce bien commun qu’est la laïcité, « un des piliers de notre pacte républicain, un des supports de notre démocratie, un des fondements de notre vouloir vivre ensemble ». (2)
(1) Jean Baubérot, dans 1905-2005 : La Laïcité française et les minorités religieuses (Études théologiques et religieuses, 2007/1– T.82 P.67 à 80), fait référence à l’article « Mahométisme » publié dans Le Grand dictionnaire universel de Pierre Larousse (1866-1876). Dans cet article, il est écrit : « L’islamisme (signifiant islam à l’époque) a moins versé de sang, (…). Les juifs et les chrétiens ont été moins persécutés par les musulmans d’Espagne et même par ceux de Turquie, que les juifs et les hérétiques ne l’ont été chez nous jusque dans le XVIIe siècle. »
(2) Tribune de la Conférence des responsables de cultes de France du 30 mars 2011 : « Débat sur la laïcité ? Sérénité, attention et réflexion appliquées, recommandent les responsables de culte ! »
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Mohammed Moussaoui est président de l’Union des mosquées de France (UMF).