Cérémonie d’apposition d’une plaque commémorative à la mémoire des familles juives déportées d’Apt victimes de la Shoah
Apt, le 1er Décembre 2019
Allocution de Mohammed MOUSSAOUI, président de l’Union des Mosquées de France (UMF)
Madame le Maire d’Apt,
Monsieur le Député,
Monsieur le préfet de Vaucluse
Monsieur le Président du conseil départemental,
Monsieur le Grand Rabbin de France, mon cher Haïm,
Monsieur le délégué général du Souvenir Français de Vaucluse,
Monsieur le président du comité du canton d’Apt du Souvenir Français, cher Jean-Paul Jouval,
Monsieur le président du CRCM PACA, mon cher Khalid
Madame la Pasteur de l’Église protestante unie de France,
Monsieur le représentant de l’archevêque d’Avignon
Mesdames messieurs les représentants des autorités militaires, civiles et religieuses,
Chers enfants,
Mesdames, et messieurs
Chers amis,
Permettez-moi de dire toute ma reconnaissance et ma gratitude à madame le Maire d’Apt et au comité du canton d’Apt du Souvenir Français, qui nous ont permis de nous retrouver ici pour honorer la mémoire des neufs juifs déportés d’Apt : Marcel ROFFÉ et sa mère, Blanche née LAZARE, Wolf PRASZKER, son épouse Ita et leurs enfants Francine et Lazare, Anna ROCHWERGER, Rojze dite Rosa GOSTYNSKI et son fils Simon
Le rappel de ces vies brisées par l’horreur nazie, le rappel de l’action des justes parmi les familles aptésiennes qui ont accueilli et apporté leur aide aux juifs pourchassés, doit nous interpeler aujourd’hui encore où nous voyons progresser les engrenages du racisme et de l’antisémitisme.
Mon cher Haïm, je n’oublierai jamais ton appel le vendredi 15 mars 2019 au matin, après l’attentat perpétré contre deux mosquées à Christchurch en Nouvelle Zélande, faisant 51 victimes parmi les fidèles. Ta réaction spontanée, ce jour là, en me suggérant de nous rendre ensemble à l’ambassade de Nouvelle Zélande pour exprimer notre compassion et notre solidarité, a été pour moi le plus beau message de fraternité face à toutes les horreurs du racisme et de notre et de notre devoir de combattre l’oubli. Ta présence et les mots que tu as prononcés à la Mosquée de Paris, continuent de résonner dans mon cœur et mon esprit.
Monsieur le Préfet, cher Bertrand Gaume, je n’oublierai jamais qu’à un moment où les actes antimusulmans s’étaient multipliés d’une manière inquiétante et qu’après la profanation de 500 tombes de soldats musulmans morts pour la France, alors que vous étiez Chef du Bureau Central des cultes, vous avez été un soutien inestimable dans la mise en place d’une convention pour le suivi des actes antimusulmans. J’ai gardé en mémoire un Homme juste qui a œuvré dans le cadre de ses prérogatives contre toutes les formes du racisme. Je tiens à vous exprimer ici, une nouvelle fois toute ma reconnaissance et ma gratitude.
Alain Chouraqui, président de la Fondation du Camp des Milles, à l’occasion d’une cérémonie en hommage aux victimes de la déportation et de la Shoah, avait fait lecture d’un extrait des mémoires de Raymond Raoul-Lambert, mort en déportation avec sa femme et ses quatre enfants qui laissa ce témoignage poignant « Le 1er et le 2 septembre, je remonte aux Milles puisqu’un départ est prévu pour le 3 et je tiens à tenter d’opérer quelques sauvetages, où des enfants sont portés dans le train sans lait, des scènes de désespoir se multiplient, de tels tableaux marquent de honte un régime.«
Nous nous retrouvons ici dans la place des martyrs de la résistance. Le martyr c’est celui qui sacrifie sa vie pour protéger la vie des autres, celui qui laisse derrière lui un témoignage vivant pour les générations futures. C’est pour cette raison qu’il est désigné dans la tradition musulmane par le mot arabe « Chahid » qui renvoie à la notion de présence et du témoignage.
Chers enfants, aujourd’hui, en venant rendre hommage à ces neuf victimes du nazisme dont faisait partie trois enfants vous poursuivez cette lutte contre l’oubli et le fanatisme. Vous êtes les hommes et les femmes de notre nation de demain. Vous serez les garants de son unité et de sa concorde en n’acceptant jamais le racisme quelle que ce soit sa forme, en faisant vivre la mémoire des victimes du racisme et de l’antisémitisme et en prenant pour exemple les justes, leur courage et leur humanisme.
Raviver la mémoire des victimes de la déportation et de la Shoah, c’est comme raviver la flamme d’une bougie. Celle-ci par sa lumière, a permis aux hommes de ne pas être dans l’obscurité, de se protéger des risques de l’obscurité.
Maintenir la mémoire vivante de ces enfants, de ces hommes et ces femmes, se rappeler l’horreur qui les a frappés, se rappeler leur courage et leur abnégation, tout cela nous permet de ne pas sombrer à nouveau dans la barbarie et l’obscurantisme.
Je vous remercie.
Programme 1er décembre allocution