L’attitude digne du peuple Néo-Zélandais face à la haine
Lors de ma visite avec le Grand rabbin de France Haïm Korsia et le Recteur de la Mosquée de Paris Dalil Boubakeur pour présenter nos condoléances à madame l’Ambassadrice de la Nouvelle Zélande. Quoi que profondément bouleversée, Mme Jane Coombs affichait un courage et une détermination qui forçaient le respect : « Notre pays a toujours été et restera une terre d’accueil, la diversité de ses croyances et de ses langues font son âme et son identité », nous a-t-elle assuré.
Ces mots faisaient écho à ceux de la cheffe du gouvernement Néo-Zélandais, Jacinda Ardern : « J’ai souvent dit que nous formions une nation de 200 ethnies et de 160 langues. Nous ouvrons nos portes aux autres et nous leur souhaitons la bienvenue. La seule chose qui doit changer après les événements de vendredi, c’est que cette même porte doit fermer à ceux qui épousent la haine et la peur. »
Au lendemain de l’attentat islamophobe de Christchurch, Jacinda Ardern, s’est rendue auprès de ceux qui ont été touchés et a rencontré des responsables de la communauté musulmane pour leur présenter les condoléances de la nation et leur témoigner sa compassion. Les images de cette rencontre enlaçant les familles en deuil sont devenus le symbole de la solidarité de tout un pays à l’égard de sa composante musulmane.
Le président du Parlement, Trevor Mallard, inaugurant une séance placée sous le signe du deuil, a appelé à l’unité, avant de céder sa place à l’imam Nizam ul Haq Thanvi qui a récité des versets du Saint Coran et élever des prières à la mémoire des 50 victimes. Comme l’a fait le président du parlement, Mme Jacinda Ardern a ouvert son intervention en prononçant en arabe « Assalam ‘Alaykum » (Paix sur vous). Face au parlement, elle s’est refusée de prononcer le nom du terroriste : « Par cet acte terroriste, il recherchait beaucoup de choses, mais l’une d’elles était la notoriété. (…) C’est pourquoi vous ne m’entendrez jamais prononcer son nom. C’est un terroriste. C’est un criminel. C’est un extrémiste. Mais quand je parlerai, il sera sans nom. Je vous implore : prononcez les noms de ceux qui ne sont plus, plutôt que celui de l’homme qui les a emportés ».
Ces gestes de réconfort ont été accompagnés de décisions fortes. Outre le renforcement de la sécurité des mosquées et de la lutte contre les idéologies extrémistes, la Première ministre de Nouvelle-Zélande a annoncé que «Toutes les armes semi-automatiques utilisées dans l’attaque terroriste de vendredi seront interdites dans ce pays » et détaillé toute une série de mesures pour durcir la législation sur le port des armes. Les chargeurs à grande capacité et autres dispositifs qui permettent des tirs plus rapides seront également hors la loi et un programme de rachat va être lancé pour les armes déjà en circulation. Bernie Sanders, candidat démocrate à la présidentielle américaine a commenté ces décisions dans ces termes : « C’est à ça que ressemblent de vraies mesures pour arrêter la violence due aux armes (…) Il faut suivre l’exemple néo-zélandais, confronter la NRA (National Rifle Association) et interdire la vente et la distribution des armes d’assaut aux États-Unis. »
Du côté des musulmans néo-zélandais, le témoignage du mari d’une victime, véritable hymne à la paix et à l’Amour, a forcé le respect et l’admiration. Farid Ahmed, très ému a déclaré : « Je veux le serrer (le terroriste !) dans mes bras et lui dire que je lui ai pardonné. Je veux lui dire que s’il a une mère, que je veux la serrer elle aussi dans mes bras. Je veux lui dire, à elle, que je te traiterai exactement comme si tu étais ma tante. Je veux lui dire que s’il a une sœur, je veux la prendre dans mes bras et lui dire de tout mon cœur que je te traiterai comme ma propre sœur. Et si tu as un problème, appelle moi : je serai là ».
Cette attitude des responsables politiques et du peuple Néo-Zélandais ainsi que l’attitude digne de sa composante musulmane, sont un message d’espérance dans un monde bouleversé par des conflits et de tension.